La théologie pratique : une théologie qui marche avec nous

La théologie, qu’elle soit fondamentale ou non, est un ensemble de vérités tirées de l’interprétation des Ecritures (l’exégèse étant l’âme de la théologie). Elle balise notre foi, en enseignant la vérité de la Révélation, ou plutôt elle nous y conduit.

Dans mon expérience de vie et de pastoral, j’ai pourtant souvent fait face à des situations où notre théologie, bien qu’elle parle de divers moyens, était impuissante. Ou pire, elle excluait, là où Jésus ne l’avait jamais fait. Il me semble évident que beaucoup de lecteurs parmi vous en avez aussi fait le constat (sinon, réagissez dans les commentaires !!).

C’est précisément dans ces situations que l’on manque d’une théologie pratique. Non pas comme une banque d’outils, mais comme un domaine théologique largement négligé, sous-développé en tout cas en France. Le réel lui-même appelle cette théologie. Le réel est fait de cas par cas, là où la théologie parle pour tous, de façon non contextuelle.

Selon Ray S. Anderson, dans son livre The Shape of practical theology, ce qui rend une théologie pratique, ce n’est pas l’association de conseils orthopédiques aux concepts théoriques de sorte à les faire marcher ou fonctionner. Bien au contraire, la théologie devrait être perçue et pensée comme un partenaire divin (pensons à l’Alliance biblique) qui nous rejoint sur notre route, stimulant notre réflexion, et nous permettant de reconnaître la Parole, comme cela s’est produit pour les pèlerins d’Emmaüs (Lc 24).

R. Anderson nous témoigne au début de son livre qu’au moment où il a commencé le ministère, il avait une théologie qui parlait, mais qui ne marchait pas. Il est plus facile de croire que Dieu est tout-puissant que de croire qu’il peut faire quelque chose dans ce souci très particulier. Il est plus facile de croire qu’il est omniprésent, que de croire qu’il l’est dans un espace de ma vie personnelle. Comme si Dieu était absent dans le concret de nos vies, et que précisément il ne marchait pas avec nous.

Le manque de théologie pratique, la négligence de ce domaine théologique a pour conséquence de manifester un Jésus théorique, dogmatique, morale, législateur, mais pas cet homme-Dieu qui a marché sur les routes de Palestine, rencontrant des gens dans leur situations particulières. En pastorale, on peut même se sentir impuissant face au rejet qu’impliquent certaines doctrines, notamment sur le mariage et le divorce.

Si elle est négligée en France, c’est que nous sommes davantage portés vers la connaissance théorique que pratique. Par notre héritage intellectuel, philosophique, notre façon de penser est conceptuelle, et peu incarnée dans le réel, là où la culture anglo-saxonne est nettement plus pragmatique. Evidement qu’il ne s’agit pas de faire le procès des cultures. Mais il apparaît évident qu’on a besoin des deux dimensions pour parvenir à ce qui est vrai et juste : le croisement ajusté du théorique et du pratique. Le théorique sans pratique est idéologique, et le pratique sans théorique tombe dans le relativisme. Il nous manque, au moins dans la théologie européenne, et française notamment, l’émergence d’une théologie pratique capable d’accompagner les hommes et les femmes d’aujourd’hui, une théologie qui se contente moins des mots, et qui propose des solutions réalistes pour manifester et réaliser par la grâce que Dieu marche avec son peuple dans toutes nos situations. Il y a toujours un chemin divin à ouvrir quelques soient les impasses humaines dans lesquelles nous nous sommes mis.

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Publié par ThibautG

Vouloir l'Eglise que Dieu veut

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