Introduction
Le concile Vatican II, principalement par la constitution dogmatique Lumen Gentium, a voulu mettre en lumière l’Eglise, « sa propre nature et sa mission universelle » (§1). Ce faisant, retraçant brièvement l’histoire du salut, montrant que l’Eglise avait été figurée et préparée dans l’Ancienne Alliance, le concile décrit une Eglise fondée par le Christ, par sa prédication et ses miracles, et surtout par le don de sa vie sur la Croix, lieu ultime où il avait annoncé lui-même le rassemblement des hommes (Jn 12,32). En première lecture, l’Esprit saint semble n’intervenir qu’après, pour sanctifier ce qui a été fondé et pourvoir de dons l’Eglise naissante. Ne contenant pas une théologie systématisée de l’Esprit saint, la pneumatologie semble disperser dans le corpus du concile, avec notamment des citations de différentes importances sur l’articulation du Christ et de l’Esprit au fondement de l’Eglise.
Nous sommes donc en droit de chercher à articuler l’action des Personnes divines, distinctes mais égales entre elles, au fondement de l’Eglise. Comment rendre compte de l’action conjuguée du Christ et de l’Esprit saint? Comment rendre compte de l’unité d’action du Christ et de l’Esprit saint, unité d’action à définir entre deux erreurs : d’une part le dualisme distinguant entre institution venant du Christ et libres interventions de l’Esprit, et d’autre part l’action identique du Christ et de l’Esprit qui serait une action non personnifiée et donc non conforme à la distinction des trois Personnes divines ?
Pour faire la part des choses, nous puiserons abondamment dans les textes à teneur ecclésiologiques du concile (Lumen Gentium et Ad Gentes) que nous analyserons à différents niveaux de lecture. Pour cela, l’évolution de l’ecclésiologie du p. Yves Congar des années 1930 jusqu’à la parution de La Parole et le Souffle nous servira de clé de lecture pour entrer progressivement dans les textes conciliaires. Ainsi, une première lecture de Lumen Gentium nous montre deux œuvres distinctes dans l’Eglise : sa fondation par le Christ et sa sanctification par l’Esprit, deux œuvres successives. Puis nous analyserons quelques extraits de plus près montrant non pas deux œuvres qui se succèdent mais des actions conjointes du Christ et de l’Esprit, œuvres communes, mais non-identiques. Enfin, poussant au bout l’analyse, nous mettrons en évidence comment le concile reprenant l’image d’Irénée des deux mains du Père fait de l’Eglise le fruit de deux missions.
I. La part du Christ et de l’Esprit saint au fondement de l’Eglise : un aspect binaire et inégale à première vue
A la première lecture, Lumen Gentium nous présente une Eglise fondée par le Christ, sanctifiée et manifestée par l’Esprit. Les §3 et 4 du premier chapitre distinguent nettement les choses et semblent décrire non pas une unité d’action mais des actions successives. Fondation et sanctification sont deux moments non pas simultanés mais successifs.
a. Le Christ fonde l’Eglise
Les parts du Christ et de l’Esprit saint sont annoncés dès le §2 : l’Eglise qui fut annoncée en figure dès l’origine du monde, qui fut préparée par l’histoire du peuple élu, a été « établie » puis « manifestée grâce à l’effusion de l’Esprit saint ». Le texte ne stipule pas explicitement qui établit l’Eglise, mais d’une part, il ne manque que la Personne du Fils dans cette présentation trinitaire[1] et d’autre part, le §3 développe clairement cette idée. Il nous présente la mission et l’œuvre du Fils. Le Christ est envoyé du Père pour inaugurer le Royaume des cieux sur la terre. L’Eglise est ce « règne de Dieu déjà mystérieusement présent ». Le Christ inaugure le Royaume de Dieu et par là l’Eglise. Le concile développe cela au §5. « Le Seigneur Jésus posa le commencement de son Eglise en prêchant l’heureuse nouvelle, l’avènement du règne de Dieu promis dans les Ecritures depuis les siècles. » Ce royaume est rendu visible par la Parole d’abord, puis par les œuvres qui l’attestent. Au commencement de l’Eglise, il y a la prédication du Christ et les miracles. L’Eglise est d’abord prédication de la Parole de Dieu, de l’évangile qui est puissance de Dieu (Rm 1,16 ; 1 Th 1,5). Dans ce sens-là, il faut rappeler que l’Eglise signifie étymologiquement les appelés, les convoqués. Elle est un rassemblement. On peut alors s’interroger sur ce premier rassemblement et sur le moment où il advient. Certes, la prédication du Christ l’a initié puisque des hommes se sont groupés autour de lui et l’ont suivi. Mais le concile nous donne à comprendre que le commencement de l’Eglise s’opère quand la parole annonçant le rassemblement s’accomplit : « Pour moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tous les hommes. » (Jn 12, 32). Le Christ avait donc annoncé la naissance de l’Eglise et donc du rassemblement des hommes, des appelés, dès lors qu’il serait élevé de terre, crucifié. C’est donc au pied de la Croix que l’Eglise naît mystérieusement, avec Jean, Marie sa mère, et quelques autres femmes. Le §3 parle d’un « commencement et développement » de l’Eglise que signifient le sang et l’eau sortant du côté ouvert du Christ. Le sang et l’eau rappellent le baptême qui nous sauve et qui nous incorpore à l’Eglise.
De plus, le Christ réalise son Eglise dans l’Eucharistie : « par le sacrement du pain eucharistique, est présentée et réalisée l’unité des fidèles qui, dans le Christ, forment un seul corps. » (§3) Cela découle directement de la naissance de l’Eglise au pied de la croix. A chaque Eucharistie est re-présentée la mort et la résurrection du Christ autour duquel les croyants se rassemblent. En nous donnant son corps, nous sommes incorporés à lui et donc à l’Eglise qui est son corps mystique. « Participant réellement au Corps du Seigneur dans la fraction du pain eucharistique, nous sommes élevés à la communion avec lui et entre nous. » (§7). Ainsi c’est bien le Christ qui fonde l’Eglise puisque c’est lui qui la rassemble. Non seulement il la fonde, mais il la maintient : « Le Christ, unique médiateur, crée et continuellement soutient sur la terre, comme un tout visible, son Eglise sainte, communauté de foi, d’espérance et de charité, par laquelle il répand, à l’intention de tous, la vérité et la grâce. » (§8)
b. L’Esprit saint rend visible, sanctifie et unifie
En face de l’œuvre fondatrice du Christ, l’Esprit saint apparaît à divers endroits dans Lumen Gentium et son œuvre est qualifié par des verbes différents : il rend visible, il manifeste, il sanctifie, il unifie, il habite l’Eglise. Parmi tout cela, son œuvre principal semble être celle de la sanctification. Tout d’abord, l’Esprit saint rend visible l’Eglise. C’est ce qui apparaît en premier dans le §2. L’Eglise a été établie puis s’est manifestée grâce à l’effusion de l’Esprit saint. Il la manifeste. On retrouve cette idée dans Sacrosanctum Concilium : « C’est pourquoi, le jour même de la Pentecôte, où l’Eglise apparut au monde, .. » (§6). La Pentecôte est le lieu de visibilité de l’Eglise par excellence, puisque « des hommes dévots de toutes les nations qui sont sous le ciel » étaient présents (Ac 1,5). En descendant sur les disciples réunis au Cénacle, l’Esprit saint manifeste aux nations l’Eglise naissante. Elle est montrée, ce qui suppose qu’elle existait déjà. C’est une épiphanie de l’Eglise, non une institution, ou une fondation.
Ensuite, ce qui semble être la part la plus importante de l’œuvre de l’Esprit saint dans l’Eglise relève de la sanctification. Celle-ci succède à la fondation par le Christ : « une fois achevée l’œuvre que le Père avait chargé son Fils d’accomplir sur la terre, le jour de la Pentecôte, l’Esprit saint fut envoyé qui devait sanctifier l’Eglise en permanence et procurer ainsi aux croyants, par le Christ, dans l’unique esprit, l’accès auprès du Père. » (§4) Remarquons qu’il est envoyé dès l’œuvre du Fils terminée (« une fois achevée »). Cela marque une succession des œuvres des Personnes divines, mais non une œuvre conjointe. L’Esprit sanctifie ce qui existe déjà ; il vient après, comme au service de l’œuvre du Fils. Il sanctifie ce que le Christ a institué. On voit venir le danger à trop accentuer cette lecture dualiste fondation/sanctification. Cela sous-entendrait que l’œuvre du Christ ne serait pas sainte, ce qui est une contradiction. L’Esprit sanctifie ce qui est déjà saint et cette œuvre est « permanente », montrant ainsi qu’il ne s’agit pas d’un état à acquérir mais d’un processus qui n’a pas de fin. L’Esprit saint sanctifie par inhabitation. « Habiter » est un verbe qui qualifie l’action de l’Esprit à deux reprises dans Lumen Gentium : « L’Esprit saint habite dans l’Eglise et dans le cœur des fidèles comme dans un temple. » (§4) ; « Le statut de ce peuple, c’est la dignité et la liberté des fils de Dieu, dans le cœur, de qui, comme dans un temple, habite l’Esprit saint » (§9). Ce verbe renvoie à un espace intérieur à l’Eglise qu’il s’agit d’occuper. Encore une fois ici, l’Esprit habite ce que le Christ a fondé antérieurement.
Les deux dernières tâches de l’Esprit saint dans Lumen Gentium sont de maintenir l’unité de l’Eglise et de la conduire dans la vérité. Cette œuvre d’unité est précisée à au moins quatre reprises dans les §§ 4, 7 et 13 : « cette Eglise qu’il introduit dans la vérité tout entière, et à laquelle il assure l’unité de la communauté et du ministère, .. » (§4) ; « En communiquant son Esprit à ses frères, qu’il rassemblait de toutes les nations, il les a constitués, mystiquement, comme son corps. » (§7) ; « Le même Esprit qui est par lui-même principe d’unité dans le corps où s’exerce sa vertu et où il réalise la connexion intérieure des membres, produit et stimule entre les fidèles la charité. » (§7). Ces extraits culminent dans celui-ci où l’Esprit est principe d’unité dans l’Eglise : « l’Esprit souverain et vivifiant, qui est, pour l’Eglise entière, pour tous et chacun des croyants, le principe de leur rassemblement et de leur unité dans la doctrine des apôtres, et la communion fraternelle, dans la fraction du pain et les prières. » (§13). L’unité se fait dans la vérité de l’Esprit, dernière tâche de celui-ci : « cette Eglise qu’il introduit dans la vérité tout entière… »[2] (LG §4)
c. L’ecclésiologie christocentrique de Congar
Cette lecture primaire de Lumen Gentium reflète relativement bien l’ecclésiologie de l’époque, en particulier celle du p. Yves Congar des années 1930 jusqu’au concile. Le schéma ecclésiologique type était celui de la structure et de la vie. Dans ce schéma, se dessine un modèle des relations entre le Christ et l’Esprit. « La structure désigne l’aspect institutionnel de l’Eglise (son existence objective et son mystère surnaturel), la vie, son aspect communautaire et communionnel (les réalités chrétiennes dans le sujet religieux et l’assemblée des fidèles en son développement historique). »[3] Nous retrouvons aisément ce que nous venons de mettre en évidence : le Christ a fondé la structure, l’Eglise, et l’Esprit l’habite, lui donne vie. Ce schéma ecclésiologique repose sur un principe christologique prédominant. C’est bien ce que laisse penser notre première lecture de Lumen Gentium : le Christ est le véritable et unique fondateur de l’Eglise, l’Esprit ne vient qu’après pour la sanctifier. Nous sommes bien dans cette dialectique fondation/sanctification, principale/secondaire, constitutif/ajouté. L’Eglise, institution visible et hiérarchique prolongeant la présence sacramentelle du Christ son fondateur est animée par la vie de l’Esprit dans ses membres. Cette ecclésiologie christocentrique est déjà présente dans Chrétiens désunis (1937) mais surtout dans la première édition des Esquisses sur le mystère de l’Eglise (1941) où il affirme notamment que l’Eglise est une parce que le Christ est un, sans référence à l’Esprit. Cette insistance christologique vient de saint Thomas, qui a eu le sentiment fort de l’inclusion de l’Eglise dans le Christ[4]. Dans la deuxième édition des Esquisses (1953), une distinction sera pensée entre le Christ et l’Esprit (car l’Esprit saint « n’est pas que vicaire, il n’exerce pas un pur ministère du Verbe incarné, il n’est pas instrument, et en tout cela […] sa situation est bien différente de celle des apôtres »[5]), mais la dépendance du second au premier restera : « non seulement l’action du Saint-Esprit est toute relative au Christ […] mais l’Esprit (âme de l’Eglise) vient donner le mouvement, la vie et l’efficacité à un corps, à des sacrements, à un ministre apostolique déjà constitués et constitués par le Christ, à partir de ses acta et passa in carne »[6]. Ainsi, dans cette ecclésiologie, l’action du Christ et de l’Esprit au fondement de l’Eglise n’est pas égale : l’Esprit vient animer ce qui est « déjà constitué » par le Christ.
Il est alors patent que cette ecclésiologie christocentrique ne tient pas car elle ne respecte pas l’unité d’action des Personnes divines et tend à faire de l’Esprit saint un vicaire du Christ. L’Esprit ne peut rester cette Personne secondaire et ajoutée par rapport au Christ qui serait la Personne principale et constitutive de l’Eglise. Nous devons donc approfondir notre lecture du concile Vatican II.
II. Rééquilibrage pneumatologique
Afin de mettre en place une ecclésiologie plus équilibrée, il faut donner plus de place à l’Esprit saint, puisque l’Esprit souffle où il veut. Comment faire une place plus juste à son action au fondement de l’Eglise ? Co-agit-il avec le Christ, ou bien existe-t-il une liberté de l’Esprit à l’égard de ce qu’a posé et que pose le Verbe ?
a. L’Eglise naît de la Croix : du Christ et de l’Esprit
En approfondissant notre compréhension de Lumen Gentium, nous remarquons qu’à certains endroits de l’argumentation, l’articulation de l’œuvre de l’Esprit saint et de celle du Christ est plus rapprochée : il ne s’agit plus d’œuvres successives, voire même disjointes, mais d’une collaboration, d’une superposition, d’une même œuvre accomplie simultanément par les deux Personnes divines. Le premier lieu théologique intéressant pour cela est la Croix. Nous en avons déjà parlé, mais l’analyse mérite d’être poussée plus loin. Nous avons mis en évidence, en commentant le §3 le commencement de l’Eglise au pied de la Croix. Elle naît du côté ouvert de Jésus, quand jaillissent l’eau et l’Esprit. A première vue l’Esprit saint est absent, mais au contraire. L’eau renvoie toujours à l’Esprit dans la Bible : au commencement, l’Esprit planait au-dessus des eaux, Jésus a été baptisé dans l’eau du Jourdain et l’Esprit est venu reposer sur lui, et pour voir le Royaume des cieux, il faut renaître de l’eau et de l’Esprit[7] (Jn 3). Au pied de la Croix, l’Esprit participe aussi à la fondation de l’Eglise. Il agit conjointement avec le Christ. Même si l’Esprit sort du côté du Christ et qu’il procède de lui, Lumen Gentium rappelle à plusieurs reprises que c’est le Père qui envoie l’Esprit (LG §13). Il ne sanctifie donc pas seulement ce que le Christ a fondé et institué : il fonde avec lui. Cela est le premier signe de ce rééquilibrage : il n’est pas complet car dans cet exemple, l’Esprit procède du Fils, comme s’il lui était subordonné.
Un deuxième lieu du texte nous montre une plus grande prise en compte de l’action propre de l’Esprit : au sujet du don de la vie. Au §7, le concile explique que c’est le Christ qui répand sa vie dans le cœur des croyants, par les sacrements. Par le baptême, nous sommes incorporés au Christ et avec lui, nous passons de la mort à la vie, puisque c’est dans sa mort et sa résurrection que nous sommes baptisés : « Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle. » (Rm 6, 4) Mais à deux reprises, le concile expose le don de la vie comme venant aussi de l’Esprit. Dès le §4 : « c’est lui, l’Esprit de vie, la source d’eau jaillissante pour la vie éternelle, par qui le Père donne la vie aux hommes que le péché avait tués, en attendant de ressusciter dans le Christ leur corps mortel. » L’Esprit procède directement du Père, de l’origine de toute chose, du « principe sans principe (Ad Gentes §2) pour donner la vie aux hommes. L’Esprit « vivifie le corps entier » (LG §7). Ici, il ne procède pas du Christ mais remplit la même tâche que lui. Il s’agit bien ici d’une action conjuguée, qui a la même finalité (donner la vie, vivifier), mais où l’Esprit semble avoir une liberté à l’égard du Verbe, non pas face à car ils ne peuvent s’opposer, se contredire, mais à côté de. La vie que les hommes reçoivent résulte d’une action double du Christ et de l’Esprit.
b. A côté du Christ, la part de L’Esprit dans la construction de l’Eglise
Nous avons mis en évidence dans la première partie que le Christ fonde l’Eglise, et que l’Esprit sanctifie. En scrutant le texte d’un peu plus près, nous constatons que la part des choses n’est pas si tranchée : l’Esprit participe à la construction de l’Eglise par ses dons. Le premier indice de cette implication de l’Esprit dans l’édification de l’Eglise est l’utilisation du verbe « bâtit » : « cette Eglise qu’il introduit dans la vérité tout entière, et à laquelle il assure l’unité de la communauté et du ministère, il bâtit et la dirige grâce à la diversité des dons hiérarchiques et charismatiques, il l’orne de ses fruits ». Le texte peut sembler ambigu : car à la fois, l’Esprit bâtit, à la fois il orne, ce qui décrit deux actions d’importance très différente. Mais ce sont les dons de l’Esprit qui bâtissent, et les fruits qui ornent l’Eglise, ce qui n’est pas pareil. Tout don de l’Esprit participe donc à la construction de l’Eglise, ce qui sous-entend que l’action du Christ n’est pas exclusive dans son fondement. L’Esprit saint ne se contente pas de sanctifier ce que le Christ a fondé, il fonde avec le Christ. Il ne fonde pas autre chose, une autre Eglise : il s’agit bien d’une action conjuguée, d’une action commune, ce qui ne signifie pas une action identique. Toute fondation de l’Eglise par le Christ, i.e. tout rassemblement d’appelés est en même temps action de l’Esprit saint qui répand ses dons sur les premiers disciples. Cette idée est appuyée au §12. « L’Esprit saint ne se borne pas à sanctifier le peuple de Dieu par les sacrements et les ministères, à le conduire et à lui donner l’ornement des vertus » : il distribue ses dons à son gré, « les grâces spéciales » qui rendent apte pour assumer les charges utiles « au renouvellement et au développement de l’Eglise ». Selon saint Paul, tout don, tout charisme est pour le bien commun, pour le bien de toute l’Eglise, pour l’édification du peuple de Dieu. Tout don participe donc à la fondation, et au développement de l’Eglise. Ainsi la fondation de l’Eglise est historique et ponctuelle, mais elle se prolonge dans le temps par l’action de l’Esprit. Elle est sans cesse en construction et dans cette œuvre, l’Esprit a toute sa part. L’œuvre de l’Esprit se mêle à celle du Christ dans la fondation et l’édification permanente de l’Eglise.
L’Eglise comme corps est une bonne manière d’illustrer cette action conjuguée. L’Eglise est le corps du Christ, mais c’est par l’Esprit saint que nous sommes rassemblés en son corps (LG §7). Nous intégrons ce corps par le baptême dans l’Esprit saint (Ac 1,5). C’est dont bien l’Esprit saint qui nous intègre à l’Eglise, telle une nouvelle pierre. Par lui, l’Eglise continue de se fonder, de se développer en incorporant des nouveaux membres. L’Esprit est « principe d’unité dans le corps » (§7). Il n’y a pas de corps et donc pas d’Eglise sans l’Esprit. Même si l’Eglise est le corps mystique du Christ, il est impossible de dire que l’Esprit est secondaire : il est tout aussi essentiel à la constitution de l’Eglise. L’action est commune mais non identique : l’un ne se substitue pas à l’autre.
c. La liberté de l’Esprit saint chez Congar
Cette accentuation pneumatologique que nous venons de mettre en évidence se remarque aussi dans l’évolution de la pensée de Congar. Au sujet des textes du concile, elle fait suite à l’interpellation de théologiens orthodoxes, présents comme observateurs et qui ont dénoncé le christomonisme de l’ecclésiologie catholique. Congar déjà en 1953, dans la deuxième édition des Esquisses avait mis l’accent sur la liberté de l’Esprit. Malgré la prépondérance du Christ, il garde une liberté d’action, un « secteur libre »[8]. « Le Saint Esprit garde une sorte de liberté d’action immédiate, autonome et personnelle […]. Elle se manifeste principalement en deux séries de faits : les charismes et les irruptions soudaines […]. Ainsi, existe-t-il, une espèce de secteur libre qui constitue l’un des traits les plus accusés de la vie de l’Eglise. »[9]
C’est dans la théologie des ministères que Congar va d’abord prendre acte du déficit pneumatologique et redonner ainsi une réelle place à l’Esprit saint. L’ecclésiologie devient davantage trinitaire. De même que dans Lumen Gentium, ainsi que démontré précédemment, le théologien « s’empresse de rappeler que l’action de l’Esprit vise toujours la construction de l’Eglise »[10]. Ainsi, pour donner une réelle place à l’Esprit, et une place qui n’est pas subordonnée au Christ, il commence par pourfendre le schéma linéaire classique et donc christocentrique (Christ → hiérarchie → communauté des fidèles) par un schéma circulaire où les ministères institués sont au centre de la communauté ecclésiale. Dans le premier schéma, la construction de la communauté est alors réduite à l’action du ministère hiérarchique, institué par le Christ. Ce qui importe alors dans l’Eglise, c’est le couple « sacerdoce-laïcat »[11]. Dans le nouveau schéma, ce qui est premier est la communauté ecclésiale. Congar met alors l’accent sur le sacerdoce commun selon lequel le peuple de Dieu a part au sacerdoce, à la royauté et au prophétisme par son baptême. L’Esprit répand ses dons dans cette communauté : l’Eglise se construit par une foule de petits services, de charismes qui sont pour l’utilité commune (Congar cite ici 1 Co 12,7). Chaque membre est doué de dons par l’Esprit qui sont pour le bien commun de la communauté. Au cœur de la communauté, certains sont institués en ministère. Ainsi, selon Congar, le couple qui importe est celui de « ministères ou services-communauté ».
Ce rééquilibrage dans la pensée de Congar honore la place de l’Esprit. Le concile a pris acte de cette nécessité de sortir d’une ecclésiologie christocentrique et de mettre sur un même niveau l’action du Christ et celle de l’Esprit, égalité qui rend compte de l’égalité des Personnes divines et de leur unité. Mais ce rééquilibrage semble ne pas être achevé. L’action de Christ et de l’Esprit au fondement de l’Eglise est conjuguée, commune mais non identique : l’un ne se substitue pas à l’autre. Mais qu’en est-il de l’articulation de ces œuvres. Peut-on vraiment penser une action de l’Esprit séparément de celle du Christ ? N’y a-t-il pas une articulation plus fine à penser qui ne soit ni action conjuguée identique, ni action conjuguée séparée[12] ?
III. La co-institution de l’Eglise par le Christ et l’Esprit saint
Il s’agit désormais de montrer que ce rééquilibrage amorcé explicitement dans les textes de concile et dans la pensée de Congar nous mène, selon la thèse même de ce dernier, vers une co-institution de l’Eglise par le Christ et l’Esprit et que celle-ci n’est pas étrangère aux textes conciliaires, elle y est déjà présente.
a. L’Eglise, en permanente fondation et sanctification
Dans la partie précédente, nous avons mis en évidence que l’Eglise a été fondée historiquement par le Christ (fait ponctuel), mais que cette fondation se prolonge par l’Esprit saint dès lors qu’il répand ses dons dans le corps ecclésial. Nous avons qualifié cela d’action conjuguée mais non identique. Nous devons aller plus loin en affirmant que l’action est conjuguée simultanée mais non identique, sans que l’un soit subordonné à l’autre. A chaque fois, le Christ et l’Esprit agissent ensemble, simultanément sur la même œuvre, mais de manière différente. Cette affirmation nous fait complètement sortir de ce dualisme fondation/sanctification, ou bien constitutif/ajouté. Pour démontrer cela, remarquons tout d’abord que toute fondation est sanctification : l’Esprit saint n’est pas apparu seulement « une fois achevée » (§4) l’œuvre du fils. L’œuvre du Christ était déjà sainte et sanctifiée. L’Esprit était déjà à l’œuvre : « sans l’ombre d’un doute, le Saint-Esprit était déjà à l’œuvre avant la glorification du Christ » (AG 4). Le §4 de Lumen Gentium affirmait déjà l’idée que l’Esprit fut envoyé pour sanctifier l’Eglise « en permanence ». La sanctification n’est pas un ajout de l’Esprit qui vient après une première fondation historique : elle est coextensive et essentielle à toute œuvre du Fils. Elle n’est pas non plus de l’ordre d’un ornement, mais est constitutive de la fondation du Christ.
D’autre part, toute sanctification est fondation. Nous rejoignons ici une idée que nous avons commencé à développer dans la précédente partie. L’Esprit sanctifie l’Eglise par ses dons. Tout don, étant ordonné au bien du corps entier, participant à l’intégration de nouveau membre, est à penser comme fondation continuée. Nous avions affirmé précédemment que la fondation de l’Eglise était historique par le Christ et prolongée par l’Esprit. Il est plus juste de dire que le Christ et l’Esprit fondent l’Eglise continuellement. D’une part, l’Esprit agit avec le Christ au commencement de l’Eglise : il procède de lui, mais aussi du Père qui sanctifie et répand ses dons dès le début. D’autre part, le Christ continue de fonder avec l’Esprit en continuant sans cesse de donner son corps en partage à chaque Eucharistie.
On comprend alors comment le Christ et l’Esprit sont affirmés par le concile tous deux comme principes de vie. Ils le sont en même temps dans une action conjuguée, mais non identique, et l’une n’étant en rien soumise ou subordonnée à l’autre. Leurs actions sont si étroitement mêlées qu’on ne peut parfois les distinguer. Mais il faut tenir que l’œuvre de l’Esprit n’est pas assimilable ou identique à celle du Fils en raison de la distinction des Personnes divines.
b. L’Eglise naît de deux missions
A deux reprises, le concile affirme cette idée puisée chez saint Irénée, idée qui résume et qui rend bien compte de cette action conjuguée que nous essayons de définir : l’Eglise a pour origine l’action du Christ et celle de l’Esprit, actions qu’on ne peut hiérarchiser, actions conjuguées, qu’on doit distinguer mais non séparer. « Par nature, l’Eglise, durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu’elle-même tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père. » (AG §2) La deuxième mention est au début de Lumen Gentium : « Ainsi l’Eglise universelle apparaît comme un « peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit saint. » (§4) En effet, en derniers recours, c’est bien de l’unité et de l’égalité des Personnes divines que l’on peut en conclure la co-institution de l’Eglise par le Fils et l’Esprit. Saint Irénée décrivait le Fils et l’Esprit comme les deux mains du Père par qui il a tout créé. Il vient de parler des anges et affirme ceci
« Car Dieu n’avait pas besoin d’eux pour faire ce qu’en lui-même il avait d’avance décrété de faire. Comme s’il n’avait pas ses Mains à lui ! Depuis toujours, en effet, il y a auprès de lui le Verbe et la Sagesse, le Fils et l’Esprit. C’est par eux et en eux qu’il a fait toutes choses, librement et en toute indépendance […]. »[13]
Le terme de « mission » est plus juste que celui d’action ou d’œuvre car le Christ et l’Esprit ne fondent pas l’Eglise de leur propre initiative : ils sont envoyés par le Père signe ultime et irréfutable de l’égalité de leur part dans le fondement de l’Eglise. Cette double origine de l’Eglise qui s’enracine dans la Trinité, et donc dans l’unité et l’égalité des Personnes divines, permet de rendre compte de manière ultime de cette action conjuguée du Fils et de l’Esprit : non pas une mission double, mais d’une double mission conjuguée, de deux missions conjointes, non identiques, qu’on doit distinguer mais qu’on ne peut séparer, visant la même finalité mais avec des moyens distincts.
A titre d’appui de cette affirmation, on pourrait développer une idée de R. Brown selon laquelle saint Luc, en écrivant les Actes dans la continuité de son évangile, met sur le même plan ce que Dieu fait en Jésus et ce qu’il fait dans l’Esprit[14]. Il faudrait ensuite montrer que ce ne sont pas deux missions successives mais bien conjointes, ce qui serait un important travail d’exégèse.
c. La co-institution de l’Eglise chez Congar.
C’est en 1979 que Congar dans le deuxième tome de Je crois en l’Esprit saint va donner toute son ampleur à ce thème, reprenant et corrigeant ses propres développements antérieurs. « Nous avons encore trop opéré dans un contexte de dualisme distinguant entre institution venant du Christ et libres interventions de l’Esprit […]. Mon tord a été, voulant de surcroit attribuer toute sa part au Saint-Esprit, de n’avoir pas assez marqué l’unité d’action avec celle du Christ glorifié. »[15] Dès le premier chapitre, Congar affirme que l’Esprit ne se contente pas d’animer une institution déterminée dans ses structures : il est co-instituant. En cela, il s’appuie aussi sur l’image d’Irénée des deux mains du Père. Il donne dans la suite de cette affirmation deux exemples très éclairants de cette co-institution. Le premier concerne les sacrements. Pour répondre aux objections de Luther qui ne voyait d’attestation scripturaire que pour le baptême, l’Eucharistie et la pénitence, les théologiens catholiques ont affirmé que c’est l’Esprit qui a précisé ultérieurement la forme des signes sacramentels. Dans le deuxième exemple, Congar explique qu’on ne peut attribuer à Jésus la détermination des degrés du ministère sacramentel. En ce domaine, « l’intervention de l’Esprit est patente s’il s’agit de la désignation concrète et de l’institution ou ordination des ministres. Le Nouveau Testament en témoigne d’une façon moins claire que suggestive. Les témoignages de l’histoire, par contre, sont clairs : l’Esprit inspire les choix et opère dans l’élu les capacités qu’appelle sa fonction »[16]. A la suite de ces deux exemples, Congar rappelle qu’il y a deux types d’opérations différentes, mais elles concourent au même but. Elles sont complémentaires et aucune ne doit être pensée comme subordonnée à l’autre. Dans l’Eglise, on a eu tendance à réduire les charismes à l’autorité instituée. Inversement, la tendance charismatique a eu tendance à réduire l’institution à un rôle de suppléance. La juste relation nous est donnée par st Paul pour qui « le Seigneur est l’Esprit » (2 Co 3, 17). « Selon saint Paul, s’ils sont distincts en Dieu, le Seigneur glorifié et l’Esprit sont fonctionnellement si unis que nous les expérimentons ensemble et pouvons les prendre l’un pour l’autre. »[17]
C’est dans La Parole et le Souffle publié en 1984 que le théologien dominicain donnera les développements les plus aboutis. Prenant acte de la fin de l’opposition entre charisme et institution, il reste une tension normale à l’intérieur de l’Eglise du fait que l’on doit toujours articuler le Christ et l’Esprit. Et pour répondre à la question soulevée au début de notre deuxième partie, il faut dire que l’un ne peut pas devancer l’autre : l’Esprit n’a pas de liberté à l’égard de ce que le Verbe pose ou a posé. « Ils sont co-instituants de l’Eglise. Mais l’Esprit n’a pas d’autonomie dans le substantiel de l’œuvre à laquelle le Verbe, Parole de Dieu et Fils incarné, doit donner forme. »[18] On ne peut donc séparer le Fils de l’Esprit. Les deux missions sont les deux mains du Père qui travaille à une seule et même œuvre, par deux voies distinctes mais non séparées.
Conclusion
L’unité d’action du Christ et de l’Esprit au fondement de l’Eglise se dit clairement par l’image de saint Irénée des deux mains du Père, image reprise par le concile qui décrit l’Eglise comme le résultat des deux missions du Père, image reprise par Congar qui pose l’Eglise comme co-instituée par les deux Personnes divines. Les deux missions sont conjointes, conjuguées, non-identiques (car les Personnes sont distinctes) ; elles sont distinguables, mais non séparables. Pour reprendre l’adage thomiste, si on les distingue, c’est pour mieux les unir, ou plutôt pour mettre en évidence leur unité. Toute la difficulté de cette articulation est dans la conciliation de la plénitude de la mission du Christ en qui tout est révélé et de la nouveauté permanente dans l’Esprit. Depuis Pentecôte, « l’Esprit déploie du nouveau dans l’inédit de l’histoire et la diversité des cultures, mais un nouveau pris de la plénitude donnée une fois par Dieu dans le Christ »[19]. Tout est déjà là et accomplie dans le Christ, tout est sans cesse nouveau dans l’Esprit. L’unité d’action du Christ et de l’Esprit est donc dans l’actualisation.
Missions et processions sont liées. L’Esprit n’est pas seulement l’Esprit du Christ, l’Esprit qu’il donne. Il ne procède pas seulement du Fils comme de sa source au risque d’être subordonné à lui. Il procède aussi du Père. La difficile question du Filioque fut aussi importante pour Congar au point que celui-ci prit position pour un retrait de ces mots dans le Credo. Ce lien réciproque entre pneumatologie et christologie redécouvert par Congar, qui nous aide par-là à lire le concile, nous ouvre en même temps des nouveaux champs de travail à la fois ecclésiologique et œcuménique.
Bibliographie
Documents d’Eglise
Lumen Gentium
Ad gentes
Autres sources
Y. Congar, Ministère et communion ecclésiale, Paris, Cerf, 1971.
Y. Congar, Je crois en l’Esprit saint, tome 2, Paris, Cerf, 1979.
Y. Congar, La Parole et le Souffle, Paris, Desclée, 1984.
R. Brown, L’Eglise héritée des apôtres, Paris, Cerf, 1987.
J. Rigal, « L’ecclésiologie trinitaire du père Congar », in Bulletin de littérature ecclésiastique,
avril-juin 2005.
J.Famerée, G.Routhier, Yves Congar, Paris, Cerf, 2008.
Irénée de Lyon, Contre les hérésies, Paris, Cerf, 1984
[1] Juste avant, il est dit que le Père a voulu convoquer tous les hommes dans l’Eglise.
[2] Sur ce thème, cf. aussi LG §12 : « la collectivité des fidèles, ayant l’onction qui vient du Saint, ne peut se tromper dans la foi. » ; « Grâce en effet à ce sens de la foi qui est éveillé et soutenu par l’Esprit de vérité… ».
[3] J. Famerée, G. Routhier, Yves Congar, Paris, Cerf, 2008, p.150.
[4] A ce sujet, Jean Rigal note que cette ecclésiologie christocentrique trouvera son apogée dans l’encyclique Mystici Corporis de Pie XII en 1943. Cf. Jean Rigal, L’ecclésiologie trinitaire du père Congar, BLE, avril-juin 2005.
[5] Yves Congar, Esquisses du mystère de l’Eglise, Paris, Cerf, 1953, p.143.
[6] Ibid., p.149.
[7] Ce n’est pas un « et » de conjonction (l’eau n’est pas radicalement autre chose que l’Esprit), ou de définition (car l’eau n’est pas l’esprit), mais un « et » de renvoi symbolique : l’eau comme signe de l’Esprit.
[8] Ad Gentes évoque cette idée d’une action de l’Esprit dans une zone encore non-soumise au Christ, une zone qui n’a pas reçu la Révélation: le Saint-Esprit « devance visiblement l’action apostolique, tout comme il ne cesse de l’accompagner et de la diriger de diverses manières ». (§4)
[9] Yves Congar, Esquisses du mystère de l’Eglise, Paris, Cerf, 1953, p.164-165.
[10] Jean Rigal, L’ecclésiologie trinitaire du père Congar, BLE, avril-juin 2005, p.161.
[11] Yves Congar, Mon cheminement dans la théologie du laïcat et des ministères, in Ministère et communion ecclésial, Paris, Cerf, 1971, p. 17
[12] C’est ce type d’action que nous avons mis en évidence pour le fondement de l’Eglise. Le christ et l’Esprit participe à cette même fondation mais séparément : le Christ en l’instituant, l’Esprit en lui donnant ses dons.
[13] Irénée de Lyon, Contre les hérésies, IV, 20,2, Paris, Cerf, 1984, p.469. Il reprendra cette idée en deux endroits ultérieurs à ce passage : V, 6,1 et V, 28,4.
[14] R. Brown, L’Eglise héritée des apôtres, Paris, Cerf, 1987, chap IV.
[15] Yves Congar, Je crois en l’Esprit saint, Paris, Cerf, 1979, t.2, p.23-24.
[16] Yves Congar, Je crois en l’Esprit saint, Paris, Cerf, 1979, t.2, p.20-21.
[17] Yves Congar, Je crois en l’Esprit saint, Paris, Cerf, 1979, t.2, p.24.
[18] Yves Congar, La Parole et le Souffle, Paris, Cerf, 1984, p. 129.
[19] Yves Congar, La Parole et le Souffle, Paris, Desclée, 1984, p.123
C’est dense et passionnant ! Je viens de lire 2 fois, et je relirai forcément… On aimerait des approfondissements pour la suite 😉 Ainsi on reste sur sa faim sur le Filioque… Sur le rôle de l’Esprit dans le développement de l’ecclésiologie sacramentelle au cours de l’Histoire… La référence à Luther laisse à penser que sa conception du rôle de l’Esprit Saint était lacunaire d’où ses erreurs ? Très instructive remarque sur le rôle des observateurs orthodoxes au cours du Concile… Là encore on aimerait en savoir plus ! Bref, encore un texte qui donne beaucoup à méditer et à réfléchir, merci pour ce travail !
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Merci de vos encouragements! D’autant qu’ils sont rare! Merci d’oser prendre la parole! C’est si peu fréquent dans notre Eglise où l’on n’a pas été habitué à une pensée critique, comme le sont nos frère juifs. Je ne met en cause Luther et sa conception du Saint Esprit. La situation du XVI était complexe et non réductible à quelque phrase. En tout cas, on peut au moins dire qu’il a fait une véritable expérience spirituelle par le saint Esprit, dont il témoigne. C’est tout à son honneur!
Merci de vos encouragements! Je prendrais le temps d’aller plus loin dans des analyses de théologie fondamentale.
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